Los pasados 8 y 9 de Octubre, Baltasar Garzón tuvo la gentileza de aceptar una invitación de la asociación Contraluz para presentar su último libro, La Encrucijada, en Aviñón. Asimismo, dicha asociación cultural y José Membrive, editor de Carena, solicitaron mi presencia para hablar del libro y coordinar el debate que tuvo lugar a continuación con el público en el Théâtre des Carmes de esa ciudad francesa. Si bien la presentación y debate se desarrollaron durante el sábado 9 de Octubre, el día anterior se destinó a revisar el caso Julian Assange (de quien Garzón es el coordinador de su defensa) mediante el pase de la película Hacking Justice, de los realizadores Clara López Rubio y Juan Pancorbo. La asistencia del público aviñonés desbordó todas las previsiones gracias a la calurosa difusión que tanto la prensa como distintos entornos culturales dieron a este evento. Sólo cabe agradecer la presencia de Dolores Delgado, antigua ministra de Justicia y actual Fiscal General del Estado Español, y de Clara López Rubio (corealizadora de la película) durante estas dos jornadas. Por mi parte, y como reseña del acontecimiento, me limito a dar el texto que sirvió para presentar la obra de Baltasar Garzón, tanto en francés como en lengua española. Así pues, el lector de Text&Context podrá conocer esta primicia antes de leer el ensayo de Baltasar Garzón: La Encrucijada.

Aviñón, la ciudad de los papas.
Cette oeuvre de Baltasar Garzón (La Encrucijada, La croisée de chemins) est, avant tout, une écriture contre l’indifférence et l’oublie; un cri d’alarme qui nous renvoie à nous-mêmes, qui nous place face à nos responsabilités devant la vie. Une vie qui devient plus difficile à cause des pouvoirs qui ne veulent rien savoir de transformations sociales, politiques et culturelles profondes; des pouvoirs qui empêchent, par tous les moyens possibles, le changement de notre mode de production et consommation. Les médias, et aussi une classe politique qui n’a aucun projet pour l’avenir —complices quelques fois— nous disent que, en effet, un autre monde est possible, mais seulement dans le numérique ou virtuel de nos existences. Le pire de cette position, qui fait patte de velours, et qui attend son heure derrière des formules au charme discret, c’est qu’on essaie de nous convaincre que rien n’est possible hors la politique actuelle et la puissance du Marché, ce totem qui, face à la fatalité, érige le tabou d’appliquer d’autre solution que la sienne.
Ainsi —semble-t-il—, notre destin se résume à multiplier la force de travail pour élargir la capacité des forces productives jusqu’à la fin de nos jours.

Imagen captada durante la proyección de Hucking Justice en los cines Utopia, de Aviñón.
Bien evidémment, dans un monde où les ressources sont limitées, cette politique qui ne veut rien savoir des contraintes ou des limites, nous amène vers le désastre et met en danger l’existence même de l’humanité.
Devant cette position néolibérale, Baltasar Garzón ne tombe pas dans le piège d’un millénarisme de caractère apocalyptique, qui fait par ailleurs les beaus jours de certains penseurs, écrivains et cinéastes. Au contraire, son texte nous invite à profiter cette occasion excepcionnelle, où toute la planète a connu les conséquences de la Covid-19, pour essayer de transporter notre monde vers un horizon d’espoir; la possibilité de faire de la vie humaine une aventure pleine de sens dans la construction de sa dignité.
Cette dignité ne peut faire autre chose que «revaloriser l’éthique afin de reconquérir la confiance» (Pepe Mujica, ex-président de l’Uruguay) Une confiance que la plupart des gens ont perdue à cause de la corruption qui triomphe dans presque tous les domaines de notre vie politique, économique et sociale. C’est, donc, à partir de là, et en tant que citoyens, que nous pouvons agir pour (re)occuper l’espace que nous appartient.
La critique raisonnée et radicale s’impose, dans ces circonstances, comme pratique courante dans n’importe quelle activité. Une critique qui doit aboutir à une action démocratique qui doit, aussi, briser le silence imposé par la raison d’État, ou plutôt —comme ainsi nous la transmit dans ses écrits le classique espagnol Baltasar Gracián—, «la raison d’étable». Cependant, cette action radicale, pour notre auteur, écarte toute tentation de tomber dans la violence, de faire de la lutte armée l’instrument principale de sa dissidence.

Una imagen del debate desarrollado en Aviñón alrededor de «La Encrucijada», de Baltasar Garzón.
Le contexte actuel demande, de nous tous, une révision du passé; un passé qui revient pour se faire entendre par la voix de ceux qui ont eté soumis, par la défaite et l’oppression, à la loi du silence, à l’Omertà. Dans le cas de l’Espagne, la loi d’amnistie de 1977 interdisait de poursuivre les crimes de la période franquiste. D’une façon timide et avec l’opposition frontale de la droite, ce passé de terribles répressions, de crimes contre l’humanité, commence à être dévoilé grâce à une disposition spéciale bien connue sous le nom de Ley de Memoria Histórica. Cette loi, que la droite et l’extrême droite veulent effacer à n’importe quel prix, nous a permis de connaître en profondeur les conséquences d’une dictature qui a duré longtemps et qui habite encore dans le noyau le plus dur de l’État espagnol actuel.
Baltasar Garzón, lui, a subi l’iniquité d’être exclu de la carrière judiciaire pour avoir essayé d’enquêter sur ce passé et de le montrer sans restriction ni censure. L’Organisation des Nations Unies (ONU), elle-même, a estimé que Baltasar Garzón avait été victime d’un procès injuste car sans garanties pour la défense. Cependant, le plus haut tribunal de l’Espagne, le «Tribunal Supremo», vient de dire que l’ONU n’a acune juridiction en Espagne. La mémoire, encore une fois, nous ramène a ce temps où les franquistes, massés autour du «caudillo» sur la place d’Orient, disaient: «si ellos tienen ONU, nosotros tenemos dos», ce qui revient à dire, en espagnol, «s’ils n’en ont qu’une, nous, nous en avons deux». On voit bien la logique inconsciente qui guide les actes de ce tribunal.
Dans l’Espagne actuelle, mais aussi dans le Brésil de Bolsonaro et dans d’autres pays du monde, la reconnaissance d’un passé qui revient à la conscience collective et qui demande justice et réparation pour les victimes, est la condition nécessaire pour ouvrir une nouvelle perspective de futur. Ce qui motive ce désir de révision de notre passé n’est pas une envie d’approfondir les blessures. Tout au contraire: la clôture définitive de cette période de notre histoire passe par l’établissement de la vérité et l’écoute de tous ces témoins qui ont subi les conséquences d’un véritable génocide.
Albert Camus, d’une façon explicite, nous ramène au centre de la question avec des propos qui nous semblent prophétiques et très actuels: «Ce n’est pas la haine qui parlera demain, mais la justice elle-même, fondée sur la mémoire».
C’est seulement quand une société est capable d’accepter des récits différents et complémentaires de son histoire qu’elle est mûre pour entamer une nouvelle expérience, et sans exclure personne.
L’expérience de Baltasar Garzón nous permet d’envisager la possibilité d’un autre monde; une possibilité qui considère l’engagement comme la condition indispensable pour essayer de changer les choses. Un autre contrat social, une autre société sont possibles si, et seulement si, nous prenons une part active dans la conservation de la nature et le respect du travail qui fait l’essentiel de notre vie.
Si la pandémie que nous avons vécue sert à quelque chose c’est, justement, à mettre en question notre façon de vivre. Et Baltasar Garzón, qui a frôlé la mort, peut nous raconter comment, à partir de ce fait, il a changé, radicalement, son point de vue. Merci.
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Esta obra de Baltasar Garzón (La encrucijada, Ediciones Carena, Barcelona, 2020) es, ante todo, una escritura contra la indiferencia y el olvido; un grito de alarma que nos sitúa ante nosotros mismos y nos confronta con nuestras responsabilidades ante la vida. Una vida que cada día resulta más difícil por culpa de poderes que nada quieren saber de transformaciones sociales, políticas y culturales profundas; poderes que impiden, por todos los medios a su alcance, el cambio de nuestro modo de producción y consumo. Los medios de comunicación, y también una clase política que carece de un proyecto de futuro —cómplices la mayor parte de las veces— nos dicen que, en efecto, otro mundo es posible… en el ámbito virtual de nuestras existencias. Lo peor de esta posición, la cual no hace otra cosa que esconder sus verdaderas intenciones, y que espera su oportunidad tras fórmulas no exentas de cierto encanto, es que trata de convencernos de que nada es posible fuera del marco de la política actual y de la pujanza del Mercado, ese tótem que, frente a la fatalidad, erige el tabú de no aplicar más solución que la suya.

Baltasar Garzón en un momento del debate.
Así pues, y a lo que parece, nuestro destino se resume en multiplicar nuestra fuerza de trabajo para ampliar las capacidades de las fuerzas productivas hasta el fin de nuestros días.
Por supuesto, en un mundo cuyos recursos son escasos, esta política, que nada quiere saber de recortes o límites, nos conduce al desastre y pone en peligro la existencia misma de la humanidad.
Ante esta actitud neoliberal, Baltasar Garzón no cae en la trampa de practicar un milenarismo de carácter apocalíptico, el cual, por otra parte, hace las delicias de no pocos pensadores, escritores y cineastas. Antes bien, y al contrario, su texto nos invita a tomar conciencia de esta oportunidad excepcional en que todo el mundo ha sufrido las consecuencias del Covid-19, para tratar de reconducir nuestro planeta hacia un horizonte de esperanza; un horizonte en el que poder realizar la posibilidad de hacer de la vida humana una aventura llena de sentido en la construcción de su propia dignidad.
Esta dignidad no puede hacer otra cosa que «revalorizar la ética para reconquistar la confianza» (Pepe Mujica, expresidente de la República Oriental del Uruguay). Confianza que la mayoría de las personas han perdido por la corrupción, que triunfa y reina en casi todos los sectores de nuestra vida política, económica y social. Es pues, a partir de aquí y en tanto que ciudadanos, que podemos actuar para (re)ocupar el espacio que nos pertenece.

En la mesa, y de izquierda a derecha: José Pozo, traductor; José Enrique Martínez, escritor; Baltasar Garzón, autor de «La Encrucijada»; José Membrive, editor; y Joana Ramon, traductora.
En estas circunstancias, la crítica razonada y radical se impone como práctica corriente en no importa qué actividad. Una crítica que ha de llevar a una acción democrática que debe, asimismo, romper el silencio impuesto por la razón de Estado, o más bien —como así lo transmitiera en sus escritos el clásico español Baltasar Gracián—, «la razón de establo». No obstante, esta acción radical, para nuestro autor, descarta toda tentación de ceder a la violencia, de hacer de la lucha armada el instrumento principal de su disidencia.
El contexto actual requiere, de todos nosotros, una revisión del pasado; un pasado que retorna para hacerse oír en la voz de todos aquellos que han estado sometidos, por la derrota y la opresión, a la ley del silencio. Así, en el caso de España, la ley de Amnistía de 1977 prohíbe la persecución de los crímenes cometidos durante el franquismo. De forma tímida y con la oposición frontal de la derecha, ese pasado de terribles represiones, de crímenes de lesa humanidad, comienza a ser desvelado gracias a una disposición especial perfectamente conocida bajo el nombre de Ley de Memoria Histórica. Esta ley, que tanto la derecha como la extrema derecha quieren abolir a cualquier precio, nos ha permitido conocer en profundidad las consecuencias de una dictadura que ha durado demasiado tiempo y que vive todavía en el núcleo más duro del actual Estado español.

Portada del libro de Baltasar Garzón, «La Encrucijada».
Por su parte, Baltasar Garzón ha sufrido la iniquidad de ser excluido de la carrera judicial por tratar de indagar en ese pasado y mostrarlo sin censura ni restricción alguna. La Organización de Naciones Unidas (ONU), haciéndose eco de esta situación, ha estimado que el juez Garzón ha sido víctima de un proceso injusto por carecer de las necesarias garantías en su defensa. Sin embargo, el más alto tribunal de España, el Tribunal Supremo, acaba de pronunciarse diciendo que la ONU no tiene jurisdicción alguna en España. La memoria, una vez más, nos devuelve a ese tiempo en que los franquistas, congregados en la plaza de Oriente alrededor de la figura del Caudillo, decían: «Si ellos tienen ONU, nosotros tenemos dos». Queda clara la lógica inconsciente que guía los actos de dicho tribunal.
En la España actual, pero también en el Brasil de Bolsonaro y en otros países del mundo, el reconocimiento de un pasado que vuelve a la conciencia colectiva y que demanda justicia y reparación para las víctimas, es la condición necesaria para abrir una nueva perspectiva de futuro. Aquello que motiva el deseo de revisar nuestro pasado no es el impulso de hurgar en las heridas. Todo lo contrario: el cierre definitivo de este período de nuestra historia exige el establecimiento de la verdad y la escucha de todos los testimonios que han sufrido las consecuencias de un auténtico genocidio.
Albert Camus, de forma explícita, nos remite al núcleo de la cuestión con palabras que nos parecen proféticas y muy actuales: «No es el odio lo que hablará mañana, sino la justicia en persona, basada en la memoria».1
Sólo cuando una sociedad es capaz de aceptar relatos diferentes y complementarios de su historia, sólo entonces, está madura para emprender un nuevo camino sin excluir a nadie.
La experiencia de Baltasar Garzón nos permite encarar la posibilidad de otro mundo; una posibilidad que haga del compromiso la condición indispensable para tratar de cambiar las cosas. Otro contrato social, otra sociedad son posibles si, y sólo si, tomamos parte activa en la conservación de la naturaleza y en el respeto al trabajo que constituye la esencia de nuestra vida.
Si la pandemia que hemos sufrido sirve de algo es, precisamente, para poner en cuestión nuesto modo de vida. Y Baltasar Garzón, que ha rozado la muerte durante este aciago período, puede contarnos cómo, a partir de este hecho, él mismo ha cambiado radicalmente su punto de vista. Gracias.
1Albert Camus, La noche de la verdad (Los artículos de Combat, 1944-1947), Debate, Barcelona, 2021, p. 48.
© José Enrique Martínez Lapuente
Aviñón, 9 de Octubre de 2021